- Présentation
- Digressions brésiliennes
- Lorsque brille la nuit
- Oraison païenne
- Les affres de la nuit
- Propos d'un soir
Il arrive que la nuit ne finisse pas avec le jour, qu'il n'en soit qu'une parenthèse où se glisse le mal de vivre.
Digressions brésiliennes
Sentiments taciturnes
Mélancolie ancienne
Dans des vapeurs nocturnes
————————————-
Assis au bord du fleuve
Respirant ses effluves
Dont mon esprit s’abreuve
De cette morne étuve.
La nuit vient me bercer
D’un souffle de déviance
Je me laisse porter
Quittant mes apparences
J’abandonne mes liens
De moi-même, je fuis
Dans l’ombre, redeviens
Ma foi, ce que je suis
N’aurais du cessé d’être,
Un mirage, une image
Evanouie sans paraitre
Qui est là de passage.
Du ventre de ma mère
Je m’affranchis, j’avoue
Je suis venu sur terre
Sans avoir rendez-vous
Je suis toujours ailleurs
C’est là que je réside
Dans les songes, la peur,
Le tourment et le vide.
J’ai quitté le rivage
En effaçant mes traces
Un éternel voyage
Dans le temps, dans l’espace.
——————————————-
Secrète et mystérieuse,
Innocente, effrayante,
Paisible ou dangereuse,
La nuit est attirante
Elle est la galaxie
De nos désirs déçues.
Berce nos insomnies
D’espérances déchus.
Toujours elle illumine
Avec obstination
L’étrange pantomine
De nos désillusions.
L’obscurité enivre,
Anesthésie les sens,
Guérit du mal de vivre,
Me ramène à l’enfance.
Mes fantômes apparaissent
Sans y être invités
Convoquant la détresse
D’un rêve ensanglantée.
La nuit c'est le royaume
Du crime et du plaisir.
On y chante le psaume
De l’extase et du pire.
C’est le temps du complot
Et celui des complaintes
Quand s’allume le brulot
Quand gémissent les plaintes.
Le brouillard de l’alcool
Rend la nuit lumineuse,
Libèrant la parole
Rebelle et séditieuse.
Et la nuit nous délie
De nos vains préjugés
Pour coucher dans le lit
Des pensées répudiées,
Abolie la censure
De phrases convenues
Pour prendre les allures
De discours vrais et nus,
Cesse la comédie
Des amours hypocrites
Trahisons et non-dits
Ou le malheur m’invite.
Dans mes pensées intimes
J’ai côtoyé l’infâme
La condition infime
De l’homme et de la femme.
Et la nuit me dévoile,
Un étonnant secret
Ecris dans les étoiles
Qui dis ce que tu es
Le poison et le miel,
Le remède et le mal,
Le sucré et le fiel,
Caressante et brutale.
—————————————
J’ai fait mon univers
D’un récit inventé
Car dans l’imaginaire
Se tient la vérité.
Fusion de l’irréel
Et d’un monde sensible
La fiction nous révèlent
Un présent invisible.
Abstraction du réel,
Utopies, artifices,
Récits intemporelles,
Vision d’un précipice.
Passé, présent, futur,
Indicible mélange
Où se joue la capture
De quelques mondes étranges.
Le passé est présent,
Le futur déjà là.
Tout s’échappe du temps
Le temps n’existe pas
Quand l’univers quantique
Théories, théorèmes,
Déclame le cantique
Des astres et du poème.
Je ne suis déjà plus
Le monde m’est trop pesant,
Vivre me suffit plus
C’’est en vain que j’attends
—————————————
Digressions brésiliennes
Et la clarté s’installe,
Et les ombres reviennent,
Moment paradoxal.
La lumière renait
Me dérobe à moi-même.
Aveugle, j’attendrai
Que l’obscurité germe
Pour saisir le mystère
Des amours tourmentés
Qui ont vécu l’enfer
A peine commencés.
Aveugle, j’attendrai
Que la nuit me dévoile
Livre ce que tu es
Dans l’éclat des étoiles
Le poison et le miel,
Le remède et le mal,
Le sucré et le fiel,
Caressante et brutale.
Et les pas qui m’entrainent
Dans ma fuite et ma ronde
Vers tes yeux me ramènent
Puisque la terre est ronde.
Jean Pierre Richard
Lorsque brille la nuit,
S’allume le désir.
L’obscurité qui luit
Nous couvre de plaisir.
Ainsi tu t’es ouverte,
Indicible indécence,
Sublime découverte
De l'esprit et des sens.
Voilà l’instant magique
Dont l’extase raffole,
Suit le moment tragique
Où l’ivresse s’envole.
On ne peut retenir
Les instants qui trépassent.
Le roman va flétrir,
Le futur est impasse.
Nous croyons à nos songes.
Le mystère les portent.
Nos rêves sont mensonges
Et l’aube les emportent.
Tu es belle et rebelle,
Tu as hanté mes rêves.
Immortelle, mortelle,
C’est là que tout s’achève .
Ivresse et puis jeunesse,
Innocence, insouciance,
Viens le temps où tout cesse,
S’achève l’espérance.
Et le temps nous entraine
Comme un torrent qui roule
Et nous joue sa rengaine
Et la vie se déroule.
Oraison païenne.
Baigné de ta chaleur,
Je respire l’ivresse
Au coeur de ta moiteur
Inondée de promesses.
Au coeur des effusions
Quand se tresse l’étreinte
De nos corps en fusion
Quand s’envolent les plaintes.
Le plaisir est souffrance,
L’amour sans retenu,
Coloré d’indécence
D’un désir mis à nu.
L’insatiable esclavage
D’émotions sensuelles,
Enflammées et sauvages
Et tendrement cruel,
Répudie la pudeur
Que la passion ravage,
De nos sens en fureur.
Incroyable voyage !
Vers ta bouche échancrée
Mon ardeur se ressource,
Rôde vers la contrée
Où ruisselle ta source.
Où se lève la houle,
Où se répand la sève,
Où la fièvre s’écoule.
Là où naissent mes rêves.
Ta peau, saveur du sel
Que la vague dépose,
Immuable rituel,
Sur ta plage où éclosent,
De tendres perversions.
Parfums intemporels.
Suspectes sensations.
Un chant universel.
La païenne oraison
De nos brulants soupirs
N’a pas d’autre raison :
Inviter au plaisir.
Dans ta prison humide,
Protégée par des ronces,
Je suis au bord du vide
Quand ma folie renonce.
Mon bateau fait naufrage
Dans un flot onctueux
Quand se tourne la page
Du livre langoureux.
Que je lis et relis
Que je relis sans cesse
Dans le creux de ton lit.
Ma foi ! Je le confesse.
Les affres de la nuit
Vomissent les ténèbres
Lumineux de l’ennui
Que l’insomnie célèbre.
Dans le décor immonde
Du magma primitif,
Dans les égouts du monde,
Dans le chaos natif,
Dans l’obscurité peinte
Au couleurs d’agonie,
Au coeur du labyrinthe
Nait une symphonie.
Tumulte intemporel,
Célébration des songes,
Un monde parallèle
Ou l’inconscient nous plonge.
Primordiale violence
Dans l’orgie du sommeil,
Fantômes de l’enfance,
Des monstres et merveilles.
Sidérant, sidéral
Quand les forces cosmiques
Illuminent le bal
Des émeutes psychiques.
Désordres de l’esprit
Dont parle le poète
La sombre galerie
De la mort et la fête.
La nuit, comme un déluge
D’illusions égarées,
Abrite le refuge
Des passions déchirées.
Secrète citadelle
Où résonne l’écho
Des amours infidèles,
Sans répit, sans repos.
Le jour n’est qu’un naufrage
Dont la nuit nous délivre
Pour enchanter la rage
De notre mal de vivre.
Jean Pierre Richard.
Propos d'un soir.
La nuit, la fatigue, l’alcool embrumaient mon esprit. En entrant, dans ce bar, loin de tout où le hasard et la mélancolie, m’avaient amené, je l’avais tout de suite aperçu au milieu de la salle, près d’un billard. Il ne jouait pas, il semblait ailleurs, isolé, esseulé au milieu des autres. Il paraissait regarder sans voir. Délaissant l’attroupement, il vint s’accouder au comptoir à mes cotés. Il a tendu son verre au barman, lui faisant signe de le remplir. Lentement, Il s’est tourné. Me dévisageant, il a dit : «vous buvez quelque chose». J’ai répondu machinalement : «comme vous». Il a fait signe de me servir. Et puis, me prenant à témoin, surmontant le cacophonie des conversations, il me tint ce discours.
Il me dit que la vie,
Du berceau au trépas,
Est une maladie
Dont on ne guérit pas.
Survie au jour le jour.
Avenir égaré.
Un tragique séjour.
Une mort différée.
Et puis levant son verre
Comme un divin calice,
Il prit un air sévère
Comme un prêtre à l’office.
Ainsi, il s’est livré,
Versant sur le comptoir,
Propos désespérés,
Mélancolie d’un soir.
Des propos équivoques,
Destinés à lui même,
Un intime colloque
A l’angoisse pour thème.
Recherchant dans l’alcool
Une aimable complice.
Etrange protocole,
Cachant ses cicatrices.
C’est alors qu’il s’est tu,
Imposant le silence,
Par la seule vertu
De sa seule présence.
Il regardait ailleurs
Sondant sa solitude,
Méprisant notre peur,
Nos pales certitudes.
Il n’était plus d’ici.
Il n’était qu’une plaie.
Il n’était plus qu’un cri,
Une voix qui déplait.
Alors, devant un public interloqué, comme si l’endroit était vide, surmontant la musique, ne parlant pour personne, s’épanchant pour lui-même, il continua :
Parfois, je l’ai perdu
Pour un oui, pour un autre,
Pour un temps corrompu,
Le sien, le mien, le notre.
Dans son esprit, l’espace
D’ou sa pensée émerge,
Lui réserve une place.
Le souvenir l’héberge.
Je n’avais pas perçu
Ce qui chantait en elle
Ni n'avait reconnu
L’obstinée ritournelle.
Et la vie est passée
En creusant une trace
Dans mon coeur déchiré
Sans que le temps l’efface.
J’ai cru que la distance
Résoudrait la douleur,
Dissoudrait la souffrance,
En vain j’en ai bien peur.
J’ai cru que loin des yeux
Cesseraient mes tourments
Que s’éteindrait le feu,
Mais tout est comme avant.
L’inlassable manège
De sentiments confus
Partout me fait cortège
Dans des doutes diffus.
Perpétuel musique,
Déroulant ses arpèges
Sur un accord unique
D’un douloureux solfège.
Et puis, il fit silence comme un acteur ménageant ses effets. La pénombre, la fumée, nous enveloppaient, imbibées d’alcool, douce accoucheuse des sentiments enfouies. Le regard perdu à des années lumière, dans un espace où lui seul accédait, il poursuivit :
Ce n’est pas là l’affaire,
Je ne comprenais pas.
Les choses m’étaient mystère
Depuis longtemps déjà.
Voyage silencieux !
Déluge de pensées !
Visions au creux des cieux
De rêves insensés !
Des rêves de révolte,
Au sortir de l’enfance,
Dont j’ai fait la récolte
Engrangeant les offenses.
On m’a montré du doigt
Pour ma libre pensance,
Rêver sans foi ni loi,
Ne pas faire pénitence.
Car être ou ne pas être ?
Là n’est pas la question.
Etre sans Dieu ni maitre !
Divine insurrection !
J’ai vécu loin des hommes
Pour mon indépendance,
Payant le crime, en somme
De refuser la danse.
Ma colère m'entraine
A répudier le monde.
Je rejette ses chaines
D’une ardeur vagabonde.
A moi seul une émeute,
Détaché, solitaire,
Fuyant loin de la meute,
J’étais fait pour me taire.
Mais il a bien fallu
Crier pour exister.
Je n’aurais jamais cru
A cette extrémité.
Oui ! c’était nécéssaire
D’écrire, pour survivre,
Ce qui me désespèrent,
Et les mots qui délivrent.
Je n’avais pas le choix
Sinon de disparaitre.
C’est le sort qui m’échoit
Mourir ou bien paraitre
Quand sonne l’hallali,
Quand le cerveau explose,
Propose la folie,
Comme métamorphose.
Situations critiques
De moments délétères.
Tourments épileptiques !
Sensations terre à terre !
Enfin, il a cessé. Me faisant face, comme possédé, plongeant son regard dans le mien. Là, j’ai… vu…
Lu dans ses yeux hagards
La tragédie du monde,
Dans un glaçant regard,
Une douleur profonde.
Il subissait son sort
Mais avec élégance,
En méprisant la mort
D’un souffle d’insolence.
Et puis, il s’est tu et s’en est allé. Comme cela. Sans rien dire. Il m’a quitté comme il m’avait abordé. Je n’ai jamais su son nom ni qui il était ni d’où il venait, où il allait. D’ailleurs peu importe. J’avais partagé un moment de vérité. Vécu une amitié éphémère. Mais ce sont celles-là les plus fortes, en tout cas les plus sincères.
Je me souviens d'une ombre partie vers ses ténèbres. Un fantôme évanouit dans la glace du comptoir. Lui parti, il n’est resté que mon reflet.
- Présentation
- Les mots éclosent
- La conspiration de l'été
- Que cherchais tu ?
- Chanson triste
- Comme un présage
- Récidive
- Un cri silencieux
Entre fiction et souvenirs, récit et thérapie. Une mélancolie ordinaire.
Les mots éclosent.
La douleur force la parole.
Les mots éclosent puis s’envolent.
On ne contient pas ses émois.
Souffrir est-ce parler de soi,
S’épancher jusqu’à l’indécence
Ou faut-il souffrir en silence ?
Se taire et endurer en vain ?
Ecrire et se sauver enfin ?
Faut-il parler, faut-il se taire ?
Est ce vrai que les mots libèrent ?
Que par le verbe l’on guérit ?
Qu’écrire est une thérapie ?
Est-ce vertu ou bien l’enfer ?
J’ai tant à dire alors que faire ?
Même si j’ai le coeur en cendre,
Mes tourments ne sont pas à vendre.
La conspiration de l’été
Et l’été conspirait
A créer l’illusion
D’un bonheur à jamais
En de tendres effusions.
La mer étincelaient
Son éclat projetait
Sur la plage et la grève
Tes désirs et tes rêves.
Et l’été a dansé,
Le tempo cadencé
De cette farandole.
Dont ton corps était folle,
Si tes yeux s’émerveillent,
Aveuglé de soleil,
La danse sur le sable
Rythmait les pas du diable.
Et l’automne est venu,
Et les amours déçus,
Ont dansé le ballet
Du chagrin, des regrets.
Dans la désespérance
Se brise la romance.
Tout n’était que fiction,
Un vent de dérision,
De désirs envolés,
Te laissant esseulée.
Ton espoir passera,
Une autre dansera.
C’est à chacun sa chance.
Ainsi finit la danse.
Les paroles étaient belles
Mais rien n’est éternel.
Il faut que tu déchantes
Pour une autre qui chante.
C’est la fin du refrain,
Tu as chanté en vain.
Un air de trahison
Met fin à la chanson.
Le destin est cynique,
Il te laisse sans arme.
Tu te croyais unique,
Il te reste tes larmes.
La vague a entraîné
Tes espoirs déchirés,
Qui flottent sur l’écume.
Et sur ton amertume,
Reste le gout amer
Que te laisse la mer,
Tu pleurs sur le rivage,
Le destin est sauvage,
Il a brisé ton coeur,
Te laisse la rancoeur,
Une ombre de rancune,
Et puis ton infortune.
Tu n’avais pas pensé
Qu’il faut se protéger
Que le malheur arrive.
Tu te donnais naïve.
Tu voyais le futur
Serein et sans armure.
Le poignard a frappé,
Te laissant sidéré.
Et pourtant tu t’accroches.
Malgré tout les reproches
Jamais n’éffaceront
Ni l’air ni la chanson.
Il faut prendre la route,
S’achève ta déroute.
C’est la fin de la fête
Et malgré ta défaite
Toujours, tu espéras,
Sans fin tu garderas
La plaie d’un souvenir
Pour chérir, pour maudire.
Rien qui ne se délit.
Dans ta quête d’oubli,
Le temps fut impuissant
A éffacer le temps.
Fallait que tu reviennes
Et ça quoiqu’il advienne.
Tu étais décidée
Au prix de ta fierté,
Au prix de l’amour-propre,
A supporter l’opprobre.
Même au prix du mensonge,
Il fallait que tu ronges
Tes attaches, tes liens
Car rien ne te retient.
C’est ton tour de mentir,
Et de faire souffrir,
Qu'importe les dégâts
Que tu entraineras,
Celui que t’ensorcelle,
Et qui te trouve belle,
Qu’importe que l’on t’aime,
Qu’importe le poème,
Qu’importe tes serments,
Adieu les jours aimants.
Tu connus d’autres émois
D’autres amours, d’autres joies.
Mais tu n’as pas oublié.
Tu te sens toujours lié.
Et tu restes accroché
Aux folies d'un rocher,
Rêves secrètement
D’un destin différent.
C’est le temps des aveux
Et la mer est en feu
Et ton coeur est en flamme
Quand se dénoue le drame.
S'en fut la mascarade.
S'évanouient l'illusion,
Les serments de façade
Et la conspiration.
Que cherchais-tu là bas ?
Un visage, un regard
Sur le quai d’une gare,
Une larme qui coule
Sur ta joue et qui roule
Sur un passé délié
Que t’oublies d’oublier.
Parfum de nostalgie,
D’un souvenir où git
La plaie d’une blessure,
Dont reste la brûlure.
Besoin de sa présence.
Avoir une autre chance.
Une ombre qui répète
Tes attentes secrètes.
Envie de représailles,
Reprendre la bataille,
Défier la déception,
Un instant d’émotion,
Un geste, un réconfort,
Une excuse, un remord.
Lever l’ombre du doute,
Un espoir pour la route.
Dans tout ça qu’aurais-je été ?
Passant qui disparait
Masqué par tes regrets ?
Un présent qui s’efface,
Quand la tristesse passe.
Une histoire qu’on regrette.
Un miroir qui reflète
D’un autre le visage.
L’écume sur la plage
D’où s’envole la mousse
Quand ta main la repousse
Comme on chasse l’ennui.
Une goutte de pluie
Que la brise disperse
A la fin de l’averse.
Vision qui s’évapore
Lorsque renait l’aurore.
A peine une aventure.
Une caricature.
De l’amour.
Ai-je vraiment compté ?
Je n’ai fait que passer.
Dans ta vie, je suppose.
Je suis bien peu de chose.
Chanson triste
La chanson que tu fredonnais
Couvait une douce musique
D’une caresse nostalgique
De paroles qui dessinaient
Une histoire mélancolique
Refrain d’hier, romance triste,
La chanson que tu fredonnais
De la chanter, tu espérais
Qu’elle ramènerait l’artiste
Qui sans répit te l’inspirait
Dans les mots de chaque couplet
Refrain d'hier, romance triste
Passion d’un passé qui résiste
Y revenir tu le voulais
Toujours son souvenir persiste
La rengaine comme un appât
Dans les mots de chaque couplet
T’attirait là, dans son palais
Et s’accrochaient à tous tes pas
Pour danser un ardent ballet
…………………………………..
Dans les mots de chaque couplet
Passion d’un passé qui résiste
Refrain d’hier, romance triste
La chanson que tu fredonnais
……………………………….
Ne fit pas revenir l’artiste
N’en ramena que l’illusion
Jean Pierre Richard
J'ai lu comme un présage
Au travers des orages.
J'ai compris ton secret,
J'ai senti tes regrets.
Perçu cette rupture
Où ta vie se fracture
En deux parts de ton âme.
Dont l'une qui te clame
De suivre ton chemin,
De vivre pour demain.
L'autre est restée là-bas
Et t'appelle tout bas,
Plane sur un passé
Dont tu restes hanté.
J’ignorais tes émois
Pour un autre que moi.
Et dans ces retrouvailles,
Montre moi cette entaille
Où ton chagrin s’engouffre.
Dis moi de quoi tu souffres.
L’amour est un mystère
Que la souffrance éclaire.
Il fallait, que je sache
Que le voile s’arrache,
Se brise le silence,
Au prix de l’insouciance,
Au prix de mes tourments,
Et de tant d’errements
De mon esprit hagard
Quand ma raison s’égare
Quand s’insinue le doute
En un lent goutte à goutte
Quand la plaie s’alimente
Du poison qui l’enfante.
Voilà, le temps s'envole
Et rien ne le console.
Dis moi pourquoi tu pleures.
Dis moi de quoi je meurs.
La chanson est toujours la même,
Elle nous séduit puis se tait.
La chanson est toujours la même,
Elle revient et disparait,
Se fait discrète puis renait.
Rien ne s’efface. Les sentiments, heureux ou malheureux… les instants vécus, les bons, les mauvais. Malgré nous, malgré le temps, tout demeure. On implore l’oubli parfois. Mais chercher l’oubli est un jeu cruel où l’on ne gagne jamais. Un passe temps inutile à faire passer le temps La même chanson nous suit inéluctablement. Vient le moment où son refrain nous rattrape. Vivre est la perpétuelle récidive d’un implacable délit.
La chanson est toujours la même,
Même flonflon même couplet.
La chanson est toujours la même,
On la maudit, elle nous plait.
On doit la prendre comme elle ait
Entre nous qu’y-a-t-il ?
L’ombre d’une présence.
Là, comme un corps subtil
Qui s’invite à la danse.
Un fantôme évanouit
Qui peuple ta mémoire,
D’une force inouïe
S’accroche à ton histoire.
La chanson est toujours la même,
Echo d’une antique rengaine
La chanson est toujours la même,
Qui nous poursuit, qui nous enchaine
Récit d’amour, récit de haine
Lambeaux de souvenirs
D’une plaie toujours vive.
Dessinent l’avenir
Ou tes élans dérivent.
Son contour resurgit
Et entre en résistance
Ranimant la magie
D’une ancienne romance.
La chanson est toujours la même,
Elle nous blesse ou elle enchante.
La chanson est toujours la même,
Elle est en nous, elle nous hante,
Elle est tenace et obsédante
Si le présent résiste,
Ton passé l’éclabousse
Tes sentiments persistent
Comme le grain repousse.
Quelque soit les séquelles
Quelque soit l’avanie
Ta passion se rebelle
Ajournant l’agonie
La chanson est toujours la même,
Toujours elle impose son air.
La chanson est toujours la même,
A ne pas pouvoir s’en défaire.
Elle présage notre enfer.
En sommeil, ton ardeur
N’a jamais cessé d’être.
Elle guettait son heure
Pour au grand jour renaitre.
La flamme se ravive
Au milieu de la cendre.
Où les braises survivent
Le feu ne fait qu’attendre.
La chanson est toujours la même,
Elle nous suit sur le chemin.
La chanson est toujours la même,
Elle nous dicte son refrain
Poison sucré, tendre venin.
Sentiments équivoques.
Pensées hypothétiques.
Singulier soliloque.
Périples névrotiques.
Dépression abyssale.
Eruption d’étincelles.
Aléa cérébral.
Explosion du réel.
Histoire d'une errance.
Egarement pervers.
Dérèglement des sens.
Intuition de l’enfer.
Idées obsessionnelles.
Certitudes dissoutent.
Soupçons intemporelles.
Voyage au coeur du doute.
Conscience marginale.
Exode d’un délire.
Pensées subliminales,
Au bord des souvenirs.
Déraisons excentriques.
Oppressions qui s’accroissent.
Confusions électriques.
Rencontre de l’angoisse.
Désespoir en cavale.
Cauchemars capricieux.
Tumulte sidéral
Comme un cri silencieux !
J'étais comme le marin balloté dans la tempête qui ne maitrise plus rien, ni les éléments ni son embarcation, qui se débat parmi les avaries et les vomissures, la peur au ventre, désespéré, dans la nuit qu'aucun phare n'illumine, entre le doute et la résignation... pour s'échouer au matin sur un rivage inconnu, là où il lui semble que le monde vient pour lui seul de recommencer.
Mais après la tempête... c'est toujours la tempête.
Toujours ancré au port,
Le bateau de l’oubli,
Si le vent ne faiblit,
Y restera encore
Les dégâts pour décors.
La tornade est passée
Laissant ses avaries.
Rien, depuis, ne varie.
Ses attaches cassées.
Confiance fracassée.
Il attend au mouillage.
Si le gros temps demeure,
Il se peut bien qu’il meurt
De ce qui le ravage.
Un peu comme un naufrage.
Le bateau de l’oubli
Ne prendra pas le large.
Bien trop forte est la charge,
Le poids qui l’affaiblit
D’un impossible oubli.
Si la raison réprime
L’émeute des émois
Quand la passion déprime
Malgré tout, malgré moi,
Les sentiments se rompent.
Ton contour s’affaiblit.
Ta silhouette s’estompe
Aux brumes de l’oubli.
———————————————
Le calme est revenu
Mais l’avarie demeure.
Le passé mis à nu
C’est le futur qui meurt.
Nous voulons effacer,
Au parfum de l’instant,
Les traces du passé,
Les souvenirs d’antan.
Si la plaie se referme,
La cicatrise reste.
Guérir n’est pas un terme
Qui met fin à la peste.
Passe avec les saisons
Ce qui nous consumais.
Mais de la guérison
On ne guérit jamais.
Toujours renait le doute,
Tel se lève le vent.
Un vent que l’on redoute,
Un doute qu’on ressent
Comme un souffle glaçant,
Comme une plaie de l’âme,
Comme jaillit le sang
Sous le feu de la lame.
Griffer par les épines
Que le tourment dégaine,
La mémoire en sourdine
Impose sa rengaine.
Rien ne s’effacera,
Aucune absolution,
Tout ce qui fut sera,
On vit sans rémission
Les tragédies, les guerres,
Tout restera écrit,
Les tremblements de terre
Les sanglots et les cris.
Et le livre du temps
Restera intaillé
Et des regrets latents
Et des amours souillées,
Des soupçons et des ombres,
D’idées obsessionnelles.
Et à la fin tout sombre
Dans le vide éternel.
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Peint de mélancolie,
Mon chemin ténébreux
Tout à coup s’éclaircit
Et devint lumineux.
Jean Pierre Richard