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Espace : Voyages. -  Le mont Pelerin

 

MtPelerin021947 - A cette époque L'Europe panse ses plaies et essaye de se relever du champ de ruines laissé par une guerre qui ne s’est terminée que deux ans plus tôt. La crise de 1929 avait déjà marquée le paysage économique de l’Europe. Moins durement frappée à partir de 1929 que les Etats-Unis, la France connait une récession plus tardive mais qui va durer de 1931 à 1939 et qui se traduit par une baisse des revenus et une augmentation du chômage. Aux Etats-Unis, la crise a été un désastre humain (lire les « Raisins de la colère » de Steinbeck). Elu en novembre 1932, Franklin Delano Roosevelt va apporter une réponse politique forte avec le New Deal qui se caractérise par la mise en place d’un important interventionnisme économique.

Le New Deal apparait comme le remède qui a permis de sortir de la crise en appliquant les recettes keynésiennes. Toutes ces années avaient vu se développer la pensée économique de John Maynard Keynes qui milite pour une régulation de l’économie par la puissance publique avec l’abandon du « laisser faire ». Après guerre ses théories vont influencer les partis sociaux-démocrates et la construction de ce qu'on appelera l'Etat Providence. La fin de la guerre a établi la primauté du politique et les idées interventionnistes en économie semblent avoir gagnées. La France s’est lancé dans un programme ambitieux avec les idées issues du Conseil National de la Résistance. C’est la sécurité sociale, les comités d’entreprise, les nationalisations etc… L’extrême droite et la droite nationaliste sont déconsidérées. Pourtant toutes ses idées ne font pas l’unanimité. La sécurité sociale qui devait être universelle a failli ne jamais voir le jour. Il n'y aura pas les fonctionnaires. Le monde agricole n'en veut pas. Les commerçants la rejette. Il s'en est fallu de peu que certaines catégories de salariés cadres n'en fassent pas partis. On négociera une convention nationale de retraite spécifique aux cadres, en 1947 justement. Ils ont un pied dans la « sécu », un pied en dehors.

Queue1947

On fait la queue devant les magasins. Il y a toujours des tickets de rationnement. Les communistes sont encore au gouvernement. Ils en seront exclus au mois de mai. Le plan Marshall est annoncé le 5 juin. De Gaulle annonce la création du Rassemblement du Peuple Français (RPF). Le Tour de France est à nouveau organisé après sept ans d'interruption. Jean Robic remporte l'épreuve en prenant le maillot jaune à la dernière étape. L’année sera marquée par un nombre important de grèves.

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Elle finira tant bien que mal sans que dans le tumulte d'après-guerre l'on ait vraiment remarqué la création, en Suisse, dans le village du Mont Pèlerin, surplombant la commune de Vevey et le lac Léman, d'une organisation composée d'économistes, de philosophes, d'hommes politiques, qui se réunit du 1er au 10 avril. Cette organisation sera connue sous le nom de Société du Mont Pèlerin et aura pour objectif de promouvoir ou de réhabiliter auprès des responsables politiques l'idée de "libre marché", de "nouveau libéralisme". Ce mouvement s'inscrivait en réaction à la pensée keynésienne et aux politiques publiques interventionistes de l'époque.

Trente cinq personnalités participent à cette conférence, en plus de l'iniateur, Friedrich Hayek. La pensée de Hayek peut se résumer de la manière suivante : la recherche du profit par les acteurs économiques profitera naturellement un jour ou l'autre à l'ensemble de la société et aux individus. D'ou pour lui l'importance pour la puissance publique de ne mettre aucun frein à leurs actions et par conséquence de la nécéssité de déréguler l'économie et la finance. On y trouve, entre autres, George Stigler, John Davenport, Bertrand de Jouvenel... et Milton Friedman. Margaret Tacher et le français Alain Madelin en ont fait parti. Depuis 1947, les membres de la Société du Mont Pèlerin ont continué à se rencontrer chaque année. C'est en son sein que les politiques néo-libérales de dérégulation auraient été définies. Agissant dans l'opacité, il fonctionne comme un laboratoire qui propose de construire une société libérale libre de toutes formes de contrainte. Ce club se veut un groupe d'élite presque une société secrète. De nombreux "groupes" se sont crées autour de ses membres et de leurs idées dans le but d'influencer les décideurs internationaux et de distiller la pensée "ultralibérale". 

Les participants avaient sans doute compris qu'avant de gagner le combat politique, il est important de gagner le combat des idées. Ce sera fait dans les années 80. Et puis, plus que l'action politique au grand jour, ils vont préférer l'instauration de connivances personnels et de réseaux invisibles ou faiblement formalisés, remettant ainsi au gout du jour le proverbe "pour vivre heureux, vivons cachés" par un "pour agir efficace, agissons masqués".