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Airdutemps 

 

Abstentions

- Et ben, j'vais t'dire, on n'est pas dans la merde et c'est pas près de s'arranger !

- Tu l'as déjà dit hier.

- Et ben hier c'était hier et aujourd'hui... c'est pareil. Tiens, t'as lu le canard d’aujourd’hui ?---

- Non, je lis très peu le journal.

- Eh ben, y disent, c’est écrit là qu’on arrive pas à trouver du personnel. Y a plein d’offre d’emploi. Y a des chômeurs et pourtant y a du boulot. Merde !

- C’est peut-être pas si simple.

- Pas si simple, mon cul. On est entouré d’une bande de fainéants qui veulent pas bosser. C’est tout !

- Il y a des offres d’emplois non pourvus, c’est vrai. Mais les conditions de travail et les salaires peuvent rebuter. Et puis, c’est aussi une question de qualification. Si tu es comptable, tu peux toujours mettre en rayon dans un supermarché mais tu vas pas faire plombier, par exemple. Tu vas pas non plus accepter un boulot à des dizaines et des dizaines de kilomètres de chez toi. Il y a le déplacement, la fatigue, la vie familiale et le prix de l’essence. Tout ça rentre dans la balance. Aujourd’hui les gens privilégient la qualité de la vie.

- Tout ça c’est des beaux discours. Mais tu m’enlèveras pas de l’idée qu’y préfèrent rien foutre. De mon temps….

- Dans un sens t’as pas tort. On assiste aujourd’hui à un refus du travail. Tu vois, je rapprocherai cela de l’abstention de plus en plus forte aux élections. Les gens en ont marre du système et bien pour le travail c’est pareil. Les employeurs sont face à une forme d’abstention. On vit une insurrection citoyenne en quelque sorte. Avant, de ton temps comme tu dis, quand on était mécontent, on faisait grève. Aujourd’hui, les grèves ça ne marche plus tellement et puis les syndicats sont un peu déconsidérés comme les partis politiques. On considère qu’ils appartiennent au système où qu’ils en sont les complices. Avant, on faisait des révolutions. Ça n’a jamais produit rien de bon et les gens n'y croient plus au " grand soir ". Maintenant, on s’abstient de voter et de travailler, c'est une façond d'être en grêve. Beaucoup de gens font des études et diplômes refusent les postes souvent bien payés auxquels ils étaient destinés pour une vie plus frugale mais plus épanouissante. C’est une façon de résister. Ça part d’une forme d’impuissance devant des forces supérieurs mais ça peut devenir à son tour une force.

- C’est pas bien clair ce que tu racontes. Et puis tu sais moi ce que j’en dis. J’ai fait mon temps et je cherche plus de boulot.

- Bon, il va falloir que j’y aille.

- Tu bois rien ? T’as bien le temps. Marcel, tu nous remet ça … avant que toi aussi tu te mettes en grêve. Nous on s'abstient pas.

Voir aussi l'article de ce site : "Elections : pièges à cons ???"